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BIBLIOTHÈQUE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE PUBLIÉE PAR L’ASSOCIATION POUR L’ANTIQUITÉ TARDIVE 25 BIBLIOTHÈQUE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE PUBLIÉE PAR L’ASSOCIATION POUR L’ANTIQUITÉ TARDIVE c/o Bibliothèque d’Histoire des Religions Maison de la Recherche de l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV) 28 rue Serpente 75006 Paris (France) Cette collection sans périodicité régulière, éditée par Brepols Publishers, est conçue comme la série de suppléments à la revue Antiquité tardive publiée depuis 1993 par l’Association chez le même éditeur. Elle est composée de monographies, de volumes de Mélanges ou de Scripta Varia sélectionnés soit par l’Association avec l’accord de l’éditeur soit par l’éditeur avec l’agrément de l’Association dans le domaine de compétence de l’Association : histoire, archéologie, littérature et philologie du ive au viiie siècle (de Dioclétien à Charlemagne). Un conseil scientiique procède à la sélection et supervise la préparation quand elle est assurée par l’Association, sous la responsabilité du Conseil d’Administration dont voici la composition actuelle : Président : F. Baratte, professeur d’archéologie de l’Antiquité tardive, Université Paris-Sorbonne. Vice-présidente : G. Cantino Wataghin, professoressa di Archeologia Cristiana e Medievale, Università del Piemonte Orientale, Vercelli. Secrétaire : Th. Rechniewski <thierry.rechniewski@wanadoo.fr>. Trésorier : M. Heijmans, ingénieur de recherches au CNRS, Centre Camille Jullian (Aix-en-Provence) <heijmans@ wanadoo.fr>. Membres : J.-P. Caillet, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge, Université Paris Ouest-Nanterre ; J.-M. Carrié, directeur d’études, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris ; J. Dresken-Weiland, Priv. Doz., Université de Göttingen ; A. S. Esmonde Cleary, professor, Department of Archaeology, University of Birmingham ; N. Gauthier, professeur émérite d’histoire romaine, Université de Tours ; H. Hellenkemper, Direktor, Römisch-Germanisches Museum, Köln ; G. Ripoll, profesora titular de arqueología, Universitat de Barcelona ; J. Terrier, archéologue cantonal, Genève. Déjà paru : 1. Khirbet es Samra 1 sous la direction de J.-B. Humbert et A. Desreumaux et sous le patronage de l’École Biblique et Archéologique Française et du Centre d’Étude des Religions du Livre (CNRS), 1998. 2. A. Michel, Les églises d’époque byzantine et umayyade de Jordanie (provinces d’Arabie et de Palestine), ve- viiie siècle. Typologie architecturale et aménagements liturgiques (avec catalogue des monuments), 2001. 3. Humana sapit. Études d’Antiquité tardive offertes à Lellia Cracco Ruggini, édité par J.-M Carrié et R. Lizzi, 2002. 4. N. Thierry, La Cappadoce de l’Antiquité au Moyen Âge, 2002. 5. Mélanges d’antiquité tardive. Studiola in honorem Noël Duval, édité par C. Balmelle, P. Chevalier et G. Ripoll, 2004. 6. The Past Before Us. The Challenge of Historiographies of Late Antiquity, édité par C. Straw et R. Lim ; Actes du colloque tenu à Smith College (Northampton, MA) en 1999, 2005. 7. A. Chavarría Arnau, El inal de las uillae en Hispania (siglos IV–VIII, préface de G. Ripoll et de J. Jarnut, 2006. 8. H. Brandenburg, Ancient Churches of Rome from the fourth to the seventh century. The dawn of Christian Architecture in the West, photographs by A. Vescovo, trad. de l’allemand par Andreas Kropp, 2005. 9. L. Khroushkova, Les Monuments chrétiens de la côte orientale de la Mer noire (Abkhazie), ive- xive siècles, 2007. 10. Stucs et décors de l’Antiquité tardive au Moyen Âge, Actes du Colloque (Auxerre, 2005), édité par Chr. Sapin, 2007. 11. Renée Collardelle, La Ville et la mort. Saint-Laurent de Grenoble, 2000 ans de tradition funéraire, 2008 12. M. Fixot et J.-P. Pelletier, Saint-Victor de Marseille, Étude archéologique et monumentale, 2009. 13. Saint-Victor de Marseille, Études archéologiques et historiques. Actes du Colloque Saint-Victor, Marseille, 18-20 nov. 2004, édité par M. Fixot et J.-P. Pelletier, 2009. 14. St. Ratti, « Antiquus error ». Les ultimes feux de la résistance païenne, Scripta varia augmentés de cinq études inédites, préface de J.-M Carrié, 2010. 15. Nina Iamanidzé, Les installations liturgiques sculptées des églises de Georgie (vie-xiiie siècles), 2011. 16. Maria Xanthopoulou, Les Lampes protobyzantines, préface de J.-P Sodini, 2010. 17. Carte des routes et des cités de l’est de l’Africa à la in de l’Antiquité. Nouvelle édition de la carte des Voies romaines de l’Afrique du Nord conçue en 1949 par P. Salama, coordonnée par J. Desanges, N. Duval, Cl. Lepelley et S. SaintAmans. Cartographie par l’IGN avec le concours de P. Bazin et M. Benabbès. 18. Silvio Carella, Architecture religieuse haut-médiévale en Italie méridionale : le diocèse de Bénévent, 2011. 19. A. Borrut, M. Debié, A. Papaconstantinou, D. Pieri et J.-P. Sodini (éd.), Le Proche-Orient de Justinien aux Abbassides. 21. Manuela Studer-Karlen, Verstorbenendarstellungen auf frühchristlichen Sarkophagen. Sous presse : 20. Marie-Christine Comte, Les reliquaires paléochrétiens de Syrie et de Chypre. BIBLIOTHÈQUE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE PUBLIÉE PAR L’ASSOCIATION POUR L’ANTIQUITÉ TARDIVE 25 LE GROUPE ÉPISCOPAL DE FRÉJUS Sous la direction de Michel Fixot F Légende de la photo de couverture : Le groupe épiscopal, vue du sud (© Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Inventaire général, M. Heller). © 2012 Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. D/2012/0095/173 ISBN 978-2-503-54763-5 Printed in the E.U. on acid-free paper Le livre a été composé et mis en page par Hélène Mella (NHA, Six Fours les Plages) TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE .......................................................................................................................................................... 11 INTRODUCTION.............................................................................................................................................13 CHAPITRE 1 : UNE « CATHÉDRALE DOUBLE » ET SON IMAGE .............................................21 1 – UN APERçU DES SOURCES ............................................................................................................................. 24 2 – LA DOCUMENTATION ECCLÉSIASTIQUE D’ÉPOQUE MODERNE .......................................................... 26 3 – LES « VOyAGEURS » ......................................................................................................................................... 33 4– LE TEMPS DU VANDALISME CATHOLIQUE : E. LANTOIN ....................................................................... 34 5 – LE RETOUR DE LA SENSIBILITÉ POUR L’ÉPOQUE MÉDIÉVALE : L. OHNET ET F. DE GUILHERMy........................................................................................................................... 41 6 – UN ARCHITECTE PRESTIGIEUX : H. REVOIL ET LA QUESTION DES ORGUES................................. 49 7 – APPRÉCIATIONS ET RESTAURATIONS AVANT LA LOI DE SÉPARATION ............................................. 58 8 – L’ÉRUDITION LOCALE : LE CHANOINE ESPITALIER ............................................................................... 63 9 – FORMIGÉ, PèRE ET FILS................................................................................................................................... 65 10 – LE TEMPS DU DOCTEUR DONNADIEU....................................................................................................... 68 11 – P.-A. FÉVRIER ET LA « CATHÉDRALE DOUBLE » ................................................................................... 71 12 – VERS L’IMAGE ACTUELLE ............................................................................................................................. 74 À propos de la lèche ................................................................................................................................................ 74 La campagne des années 1960.................................................................................................................................. 80 Les dernières interventions intérieures ..................................................................................................................... 83 CHAPITRE 2 : À LA RECHERCHE DE LA CATHÉDRALE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE .....85 1– ENTRE RICOUX, ANTIQUITÉ TARDIVE ET XIe SIèCLE .............................................................................. 85 2 – À LA RECHERCHE DES PARTIES ANTIQUES DE LA CATHÉDRALE : LE MUR NORD DE LA TOUR-PORCHE ET LE MUR OUEST DE LA NEF SAINT-ETIENNE, ÉTUDE CRITIQUE ...................... 92 Le réexamen des élévations ...................................................................................................................................... 92 Les observations de 1988 et leurs conséquences sur l’histoire du monument ......................................................... 96 En forme de conclusion provisoire ........................................................................................................................... 98 3 – LE MUR OUEST ET LA RECHERCHE DES ORIGINES DE LA TOUR-PORCHE ..................................... 99 4 – AU PIED DU MUR SUD DE LA CATHÉDRALE ......................................................................................... 104 Dans la première travée : du sol paléochrétien à l’autel du Saint-Sacrement ...................................................... 104 Dans la deuxième travée : du sol paléochrétien aux limites du chœur canonial. ....................................................111 L’organisation intérieure au commencement de l’époque moderne. .......................................................................113 Le monument funéraire des Camelin (Elisabeth Sauze) .........................................................................................117 Le « chœur ouvert » .................................................................................................................................................118 5 – LE PROBLèME DE L’ÉLÉVATION DU MUR SUD ...................................................................................... 122 6 – LA FOUILLE DE LA DERNIèRE TRAVÉE DE LA NEF MÉDIÉVALE : DE L’AUTEL DE MONSEIGNEUR DE BAUSSET À LA MOSAïQUE DU CHœUR PALÉOCHRÉTIEN .................................... 125 La fondation de l’autel majeur, les inhumations épiscopales, les caveaux funéraires et les stalles .................................................................................................. 125 Le retable de l’Assomption (Elisabeth Sauze) ....................................................................................................... 139 La mosaïque paléochrétienne et son encadrement architectural ............................................................................ 141 Interprétation et discussion ..................................................................................................................................... 146 7 – POUR CONCLURE ............................................................................................................................................. 149 CHAPITRE 3 : LE BAPTISTÈRE, ENTRE ANTIQUITÉ TARDIVE ET PARTIS DE RESTAURATION D’ENTRE-DEUx-GUERRES .......................................................153 1 – L’ÉPOQUE MODERNE ...................................................................................................................................... 153 2 – E. LANTOIN ET LE TRAITEMENT DE LA FAçADE SUD DE LA CATHÉDRALE ............................... 158 3 – LE PROCESSUS DE LA RESTAURATION DE J. FORMIGÉ ....................................................................... 166 Un baptistère « mérovingien »................................................................................................................................ 171 Un baptistère de la in du IVe ou du commencement du Ve siècle .......................................................................... 176 4 – LE MONUMENT PALÉOCHÉTIEN .................................................................................................................. 190 Le contexte archéologique ..................................................................................................................................... 190 Le plan et les sols.................................................................................................................................................... 192 L’élévation .............................................................................................................................................................. 197 Le couvrement ........................................................................................................................................................ 201 L’organisation intérieure ......................................................................................................................................... 204 En forme de conclusion .......................................................................................................................................... 210 5 – LES CHAPITEAUX (V. GAGGADIS-ROBIN) ..................................................................................................211 Chapiteau nord/ouest, n° 1 ......................................................................................................................................211 Chapiteau nord/est, n° 2 ......................................................................................................................................... 213 Chapiteau ouest/sud, n° 3 ....................................................................................................................................... 214 Chapiteau ouest/nord, n° 4 ..................................................................................................................................... 214 Chapiteau est/nord, n° 5 ......................................................................................................................................... 216 Chapiteau est/sud, n° 6 ........................................................................................................................................... 219 Chapiteau sud/est, n° 7 ........................................................................................................................................... 219 Chapiteau sud/ouest, n° 8 ....................................................................................................................................... 220 Conclusion .............................................................................................................................................................. 220 CHAPITRE 4 : LES TRACES DE LA GENÈSE PALÉOCHRÉTIENNE DU PALAIS ÉPISCOPAL MÉDIÉVAL ET LE DEVENIR DE SA PARTIE OCCIDENTALE : LA FOUILLE DE LA PLACE FORMIGÉ ..............................................................................................225 1 – LE CONTEXTE DES DÉCOUVERTES ............................................................................................................ 225 2 – LES TRACES DE LA DOMUS ePISCOPI ....................................................................................................... 230 Un premier état ....................................................................................................................................................... 230 Un deuxième état .................................................................................................................................................... 234 L’« annexe » à l’angle intérieur des galeries .......................................................................................................... 239 La surface au sud de la galerie méridionale .......................................................................................................... 240 3 – LES DONNÉES RELATIVES AU PALAIS ÉPISCOPAL D’ÉPOQUE MÉDIÉVALE ET MODERNE ....... 240 4 – LE DÉPOTOIR DU PALAIS ÉPISCOPAL : LA CÉRAMIQUE (Lucy Vallauri, Jean-Marie Michel) .......... 248 Les productions provençales et languedociennes ................................................................................................... 250 Les importations ..................................................................................................................................................... 255 5 – LE DÉPOTOIR DU PALAIS ÉPISCOPAL : LES VERRES (D. FOy)........................................................... 261 6 – LE CIMETIèRE MÉRIDIONAL ........................................................................................................................ 269 7 – LES RESTES DU CIMETIèRE MÉRIDIONAL, ÉTUDE D’ACCESSOIRES DU COSTUME (Olivier Thuaudet) ....................................................................................................................................................... 270 ANNEXE : CATALOGUE DU MOBILIER ETUDIE.............................................................................................. 274 CHAPITRE 5 : LE MOyEN ÂGE PRÉROMAN ET ROMAN : AUTOUR DE L’APPARITION DE LA NEF PAROISSIALE SAINT-ETIENNE ..............................275 1 – ENCORE LA QUESTION DE LA « CATHÉDRALE DOUBLE » : LE SONDAGE DE LA CHAPELLE SAINT-JOSEPH............................................................................................. 275 La situation de la chapelle ...................................................................................................................................... 275 La fouille du sol ...................................................................................................................................................... 277 2 – LES DEUX PHASES ROMANES DE LA NEF SAINT-ETIENNE ................................................................ 281 Le mur nord, témoin d’un premier état roman ....................................................................................................... 281 Le mur sud témoin d’un second état roman ........................................................................................................... 284 La première travée .................................................................................................................................................. 287 La deuxième travée................................................................................................................................................. 288 La troisième travée et ses signes lapidaires ............................................................................................................ 290 La quatrième travée : le problème du chevet roman .............................................................................................. 294 La façade occidentale ............................................................................................................................................. 295 4 – LE CIMETIèRE NORD ...................................................................................................................................... 297 Le contexte et les circonstances de la découverte .................................................................................................. 297 Les tombes .............................................................................................................................................................. 301 Récapitulation ......................................................................................................................................................... 304 5 – ENTRE ANTIQUITÉ TARDIVE ET ÉPOQUE CAROLINGIENNE, LES VESTIGES DU MOBILIER LAPIDAIRE (en collaboration avec yumi Narasawa) ......................................................................... 307 Antiquité tardive ..................................................................................................................................................... 309 Époque carolingienne ............................................................................................................................................. 313 CHAPITRE 6 : DU « ROMAN » AU « GOTHIQUE » : LA RECONSTRUCTION DE LA NEF CATHÉDRALE NOTRE-DAME ET SES CONSÉQUENCES SUR L’ARCHITECTURE DES DEUx ÉGLISES ................................329 1 – LA TOUR.............................................................................................................................................................. 329 Un objet énigmatique.............................................................................................................................................. 329 La première campagne de construction de la tour ................................................................................................. 333 La deuxième campagne de construction de la tour : les piles de la tour et le rez-de-chaussée du vestibule.......... 339 La troisième campagne de construction de la tour : l’articulation avec la nef Notre-Dame et la salle capitulaire 340 L’escalier en vis et la partie supérieure de la tour .................................................................................................. 343 En forme de conclusion .......................................................................................................................................... 346 2 – LA NOUVELLE NEF NOTRE-DAME .............................................................................................................. 349 3 – UNE ÉGLISE INTÉGRÉE DANS UN ENSEMBLE FORTIFIÉ : LA TOUR DE CHEVET........................ 356 4 – LES CONSÉQUENCES DE LA RECONSTRUCTION : L’ALLONGEMENT DE LA NEF SAINT-ETIENNE ET LE REMODELAGE DE SA FAçADE ................................................................................ 360 5 – LE CHEVET DE LA NEF SAINT-ETIENNE ET LES INHUMATIONS ÉPISCOPALES À LA FIN DU MOyEN ÂGE ................................................................................................................................... 365 Les tombes de Guillaume de Roufilhac et de Louis de Boulhac........................................................................... 365 La crosse et la bague découvertes dans la sépulture de monseigneur de Boulhac ................................................. 376 La chapelle latérale du chœur, la sacristie et la chapelle des Âmes du Purgatoire ................................................. 378 Des travaux au chevet de la nef Saint-Etienne ....................................................................................................... 389 La tombe de monseigneur Barthélemy Grassi ? ..................................................................................................... 390 Restes d’épitaphes d’époque moderne ................................................................................................................... 394 6 – L’AUTEL MÉDIÉVAL DE LA CHAPELLE SAINT-JOSEPH ......................................................................... 395 7 – DEUX LINTEAUX DE PORTE EN ARDOISE (Elisabeth Sauze) .................................................................. 398 8 – EN CONCLUSION .............................................................................................................................................. 400 CHAPITRE 7 : LE PALAIS ÉPISCOPAL (Elisabeth Sauze) ...............................................................403 1 – HISTORIOGRAPHIE ........................................................................................................................................... 403 2 – SOURCES ............................................................................................................................................................. 407 3 – DESCRIPTION DU PALAIS ÉPISCOPAL EN 1740 ........................................................................................ 409 4 – L’ÉPOQUE ROMANE ......................................................................................................................................... 423 5 – LE CHÂTEAU-FORT DES ÉVêQUES SEIGNEURS DE FRÉJUS................................................................ 429 La tour..................................................................................................................................................................... 432 L’enceinte fortiiée .................................................................................................................................................. 433 Le logis ................................................................................................................................................................... 434 6 – LE PALAIS GOTHIQUE (1250-1440) ............................................................................................................... 436 La cour .................................................................................................................................................................... 437 Le corps de bâtiment oriental : la grande salle ....................................................................................................... 437 Le corps de bâtiment sud-est : la chapelle .............................................................................................................. 441 Le corps de bâtiment d’angle : la grande chambre ................................................................................................. 447 La tour..................................................................................................................................................................... 447 Le corps de bâtiment sud : l’appartement de l’évêque ........................................................................................... 448 Le corps de bâtiment sud-ouest ............................................................................................................................. 449 Le corps de bâtiment occidental : l’oficialité ........................................................................................................ 450 Le corps de bâtiment nord-ouest : la cuisine .......................................................................................................... 450 Le corps de bâtiment nord : l’écurie ....................................................................................................................... 451 En conclusion ........................................................................................................................................................ 451 7 – LES REMANIEMENTS DU MILIEU DU XVe SIèCLE.................................................................................. 451 Les évêques............................................................................................................................................................. 451 Les travaux ............................................................................................................................................................. 452 8 – LES REMANIEMENTS DU MILIEU DE XVIe SIèCLE ................................................................................ 456 9 – LES AGRANDISSEMENTS DU XVIIe SIèCLE ET DU PREMIER TIERS DU XVIIIe SIèCLE ............... 458 10 – LE PALAIS EN 1740......................................................................................................................................... 461 Sous-sol .................................................................................................................................................................. 461 Rez-de-chaussée ..................................................................................................................................................... 461 Premier étage .......................................................................................................................................................... 461 Deuxième étage ...................................................................................................................................................... 462 Vers l’abandon du palais ......................................................................................................................................... 464 CHAPITRE 8 : L’ENSEMBLE CANONIAL ...........................................................................................467 1 – LE CLOîTRE AVANT LA LOI DE SÉPARATION .......................................................................................... 467 2 – J.-C. FORMIGÉ ET LE PROJET D’ISOLEMENT ........................................................................................... 472 3 – J. FORMIGÉ ET LA REPRISE DU PROJET ................................................................................................... 479 4 – LE PROCESSUS DE RESTAURATION ............................................................................................................ 480 5 – L’USAGE DES BÂTIMENTS ET LE PROJET MUSÉOGRAPHIQUE .......................................................... 492 6 – HISTORIOGRAPHIE (Elisabeth Sauze) ............................................................................................................. 496 7 – SOURCES (Elisabeth Sauze) ............................................................................................................................... 497 8 – APERçU HISTORIQUE (Elisabeth Sauze) ........................................................................................................ 498 9 – LES BÂTIMENTS (Elisabeth Sauze) ................................................................................................................. 501 Le plan d’ensemble................................................................................................................................................. 501 Le cloître ................................................................................................................................................................. 501 La prévôté ............................................................................................................................................................... 508 La salle capitulaire .................................................................................................................................................. 512 La théologale .......................................................................................................................................................... 515 Le grenier................................................................................................................................................................ 516 Le cellier ................................................................................................................................................................. 519 CHAPITRE 9 : QUELQUES DONNÉES TOPOGRAPHIQUES À PROPOS DU QUARTIER CATHÉDRAL MÉDIÉVAL .....................................................................521 1 – DES MAISONS SUBSTITUÉES AU CIMETIèRE NORD ............................................................................. 521 La situation de l’îlot médiéval ................................................................................................................................ 521 Des traces d’occupation profane du cimetière ? ..................................................................................................... 523 L’aile nord ............................................................................................................................................................... 525 L’aile sud ................................................................................................................................................................ 526 Les vestiges d’ailes ouest et est .............................................................................................................................. 527 Quelles maisons, pour quelles fonctions ?.............................................................................................................. 528 2 – LA FOUILLE DU JARDIN DE L’ANCIEN HôPITAL : LE FOSSÉ DE LA RUE DE RICHERy : LA PHASE 5 ............................................................................................................................................................... 531 Les données archéologiques ................................................................................................................................... 531 Le matériel céramique issu du comblement du fossé (phase 5) : un échantillonnage de la céramique médiévale à Fréjus (Jean-Pierre Pelletier) .............................................................................................................. 532 Problèmes de topographie urbaine médiévale ........................................................................................................ 540 3 – LA FOUILLE DU JARDIN DE L’ANCIEN HôPITAL : LES PREMIèRES CONSTRUCTIONS DU QUARTIER DU BOURGUET : LES PHASES 4 ET 3 ................................................................................... 540 Les vestiges archéologiques ................................................................................................................................... 540 La céramique de la phase 4 : un échantillonnage de la céramique médiévale à Fréjus, suite (Jean-Pierre Pelletier) .......................................................................................................................................... 543 La céramique de la phase 3 : un échantillonnage de la céramique médiévale à Fréjus, suite (Jean-Pierre Pelletier) ............................................................................................................................................. 546 4 – LA FOUILLE DU JARDIN DE L’ANCIEN HôPITAL : L’URBANISATION DU QUARTIER DU BOURGUET À L’ÉPOQUE MODERNE : LES PHASES 2 ET 1.................................................................. 548 5 – FRÉJUS, PRODUCTION ET CONSOMMATION DE CÉRAMIQUE À L’ÉPOQUE MODERNE : QUELQUES ILLUSTRATIONS ISSUES DU QUARTIER DE LA CATHÉDRALE (Guergana Guionova) ....... 551 CONCLUSION ...............................................................................................................................................563 BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................................................................567 ENGLISH ABSTRACT : THE FRÉJUS CATHEDRAL COMPLEx ..................................................575 TABLE DES ILLUSTRATIONS ...............................................................................................................581 TABLE DES ILLUSTRATIONS – CAHIER COULEUR ......................................................................592 LA FOUILLE DE LA PLACE FORMIGÉ rebord large, de proil concave se démarque nettement de la partie inférieure légèrement tronconique. La fonction de ces récipients, nombreux dans les habitats, n’est pas bien établie : on peut y voir des sortes d’écuelles fragiles ou bien des lampes qui pouvaient être posées ou suspendues. La plupart de ces pièces sont décorées par souflage dans un moule ou par l’application de ilets de verre colorés qui dessinent des nervures rayonnantes sous les fonds, des volutes sur les parois ou plus sobrement, comme ici, un listel sur le rebord. Éclairées de l’intérieur, par la lamme qui brûlait au-dessus de l’huile, ces ornementations étaient parfaitement mises en valeur. Les deux lacons à col cylindrique et panse bulbeuse décorée de nervures bien imprimées sont plus originaux. Bien que réalisés dans une matière vitreuse différente, leurs proil et décor analogues laissent penser qu’ils sortent des mêmes fabriques. Il est impossible de déterminer avec assurance l’origine de la verrerie en usage dans le palais épiscopal. Vraisemblablement – et contrairement à la céramique – toute la vaisselle de verre pouvait provenir d’une aire de production proche, car la Provence orientale comptait de nombreux ateliers de verriers qui fonctionnaient en utilisant des matières premières locales (sable, soude de Camargue, verre cassé récupéré dans les villes) à l’exception du cobalt ou « saffre », colorant coûteux importé des mines de Freiberg (Allemagne)80. De ces centres verriers sortaient des produits comparables à ce qui se fabriquait dans les régions voisines ou plus éloignées. La mobilité des artisans du verre, l’origine piémontaise d’un grand nombre de ceux qui oeuvraient en Provence et les échanges commerciaux expliquent les parentés observées dans la verrerie du XIVe siècle, produite de la Catalogne jusqu’à la Ligurie et le Piémont. 6 – Le cimetière méridionaL Dès la in du XIIe siècle, un cimetière est attesté sur le lanc sud de la nef Notre-Dame et du baptistère, dans l’angle formé avec l’aile occidentale du palais épiscopal dans sa topographie d’alors, vestige de la première domus de l’évêque (voir supra, chap. 4). En 1180, on apprend qu’une partie d’un cimetière recevait la sépulture des prêtres et des chanoines et qu’entre juridiction épiscopale et juridiction canoniale, il devait être divisé par un mur percé d’une porte (voir supra, chap. 2)). À cette date – mais était-ce avant ou après la reconstruction de la nef Notre-Dame ? – le même document fait état de l’aménagement d’une autre porte, dans le mur de l’église, ain de permettre aux chanoines de desservir leur part. La disposition des lieux contraint à envisager France méridionale du Bas-Empire à la in du Moyen Âge, dans Journal of Glass Studies, 14, 1972, p. 77-116. 80. B. Gratuze, I. Soulier, J.-N. Barrandon, D. Foy, De l’origine du cobalt dans les verres, dans Revue d’archéométrie, 6, 1992, p. 97-108. 269 un emplacement au sud de l’église. Mais, confrontées aux données archéologiques, elles-mêmes partielles, cette porte reste énigmatique quant à son identiication. Répondant en apparence aux termes même du texte de 1180, une porte méridionale a en effet été mise au jour dans le mur sud de la première travée de la nef actuelle (voir supra chap. 2). Son aspect pourrait convenir à la date donnée par le document cité. Son emplacement dans la nef la placerait dans la petite partie réservée aux idèles. La conclusion serait sans hésitation afirmative si le débouché vers le sud ne se faisait pas alors à l’intérieur de l’ancienne cour paléochrétienne entourée d’un portique, déinissant une surface qui semble bien dépendre du palais, donc de la juridiction épiscopale. D’autre part, ses jambages étaient intimement liés à la section de mur qui les contenait, du moins le jambage oriental, ce qui ne conviendrait pas à une ouverture percée après coup dans une élévation existante. Par voie de conséquence, il faut penser que la porte en question, d’usage très particulier et secondaire, aurait été aménagée dans le mur sud du vestibule, anticipation du portail « Renaissance » (voir supra, chap. 2) Au commencement de la fouille, quelques tombes ont été retrouvées, au niveau des arases des murs antiques, dans la partie sud-ouest de la place Formigé (ig. 123 et 124). Une autre surface avait été épargnée, au-dessus des arases du mur de façade de la domus épiscopale antique, au contact avec la façade du palais médiéval du XIVe siècle (ig. 132 et 134). À l’origine du cimetière, au XIIe siècle au moins, à l’intérieur de la cité, la surface était donc sufisamment disponible, signe du peu de densité du bâti. Sur le terrain, l’état généralement bouleversé des squelettes s’explique déjà par les superpositions dont ils furent l’objet, illustration de la densité des inhumations entre époques médiévale (ig. 124) et moderne (ig. 123), distinction dont il faut reconnaître le caractère approximatif. Les terrassements effectués lors de la suppression des restes du cimetière au XVIIIe siècle et de l’évacuation des ossements rendent compte de la situation. Isolées à la surface de la fouille et épargnées en raison de leur plus grande profondeur, quelques tombes aux coffrages très complets peuvent remonter à l’époque de constitution du cimetière. Des objets furent recueillis dans l’ensemble occidental, un pégau de céramique grise dans la strate inférieure (ig. 124, objet perdu), une chape de ceinture, une chaînette, quelques boucles de ceinture et des appliques en forme de rosettes à quatre pétales, décor également d’une ceinture81 (voir infra). Pour H. Espitalier qui ne pouvait pas connaître le cimetière découvert en 1979 au nord de la nef SaintEtienne, utilisé antérieurement, ces traces auraient montré que le premier champ de repos fut placé au-devant de la cathédrale, sous les fenêtres de l’évêché82. Il n’est pas improbable de penser qu’il y eut substitution de l’un à 81. Ces objets avaient été déposés au Laboratoire de Restauration de Draguignan. 82. Espitalier, Le chapitre, p. 701. 270 LE GROUPE ÉPISCOPAL DE FRÉJUS l’autre lors de la désaffectation du cimetière nord pour la construction d’un îlot de maisons dans la dépendance du chapitre. Les dates suggérées par le matériel céramique récupéré dans le contexte de ces maisons concorderaient avec un tel processus (voir infra, chap. 9). Ce cimetière fut celui de la cité pendant la période médiévale, avant une nouvelle implantation, en 1498 (voir infra, chap. 7) suburbaine cette fois, à l’extérieur du portale dictum vulgariter lo portalet del conseilh (…) versus turrim de Malons. À cette date, la désaffectation était souhaitée par la commune car, situé au centre de la ville, la surface destinée aux inhumations était jugée trop petite et gênante en raison des exhalations fétides à l’entrée de l’été (…) dixerunt et exposuerunt dictam universitatem Forojulii habere cimeterium, in quo sepelliuntur cadavera deffunctorum ante ecclesiam predicte civitatis, exiguum et nimis parvum et quod pejus est dampnosum dictis dominis de capitulo et universitati propter innumerabiles fectores a dicto ciminterio et praecipue tempore estatis venientes, petentes et humiliter requirentes illud prophanari et aliud ciminterium in loco honesto ieri et per eundem reverendum dominum episcopem consecrari in quo corpora sepellientur83. H. Espitalier situe le nouveau cimetière demandé, consacré par Nicolas de Fiesque, au nord-est de la ville, à l’endroit où s’élève aujourd’hui l’Hôtel-Dieu et la chapelle SaintJoseph 84. Mais comme en témoigne la visite épiscopale de Zongo Ondedei en 1665, au XVIIe siècle, la surface située au sud de la cathédrale était toujours nommée le grand Cymetière », à la grande porte (de la cathédrale). C’est en novembre 1749, sur la demande de l’évêque, que fut décidé un transfert déinitif depuis la place de la cathédrale pour un emplacement extérieur au rempart d’alors85. Le cimetière à supprimer était alors jugé fort vieux tandis que situé au plus bel endroit de la ville. Selon H. Espitalier86, en 1751, le cimetière fut placé hors de la ville, sur le chemin de Grasse, près de l’ancien théâtre romain. Il fut en usage jusqu’en 1810 avant d’occuper son emplacement actuel. En outre, il existait un cimetière à côté de la chapelle St François dont il est question en 157287. 83. 1498, 2 septembre ; création d’un nouveau cimetière paroissial, minutes de Jean Fanguiaire, A.D. Var, 3 E 2317, f° 153 v°-154v°. 84. Espitalier, Les évêques, III, p. 135 ; idem, Le chapitre, p. 701. 85. A .D. Var, BB 27 fol. 794-795, signalement dans les archives de Paul-Albert Février : il faut le placer près de la tour de prison jusqu’à celle près du jardin de M. Ferrier. 86. Espitalier, Le chapitre, p. 701-702 ; en réalité, derrière le théâtre : voir le Plan de la Ville de Fréjus et de ses environs et des restes existants des constructions romaines, reproduit dans Rivet et al., Fréjus, ig. 19, p. 24. 87. Espitalier, Le chapitre, p. 701-702. 7 – Les restes dU cimetière méridionaL, étUde d’accessoires dU costUme (Olivier Thuaudet)88 Le lot étudié contient 42 objets en rapport avec le costume. Ils sont conservés temporairement au Centre de Restauration de Draguignan, en attente de restauration. Ces objets forment deux ensembles, les boucles d’une part, la bijouterie d’autre part. Parmi les huit boucles qu’il a été possible d’étudier, quatre d’entre elles, obtenues par la fonte, présentent un cadre à double fenêtre semi-ovale. Les extrémités de leur traverse médiane sont prolongées par une moulure, détail souvent observé sur les boucles de ce type. La spéciicité de cet ensemble particulièrement homogène (L x l = 3,4 à 3,8 x 2,9 à 3,1 cm), tient dans le faible développement des fenêtres : celles-ci sont à peine plus larges que la traverse centrale. Elles sont également très légèrement concaves. Un ardillon plat est conservé pour les n° 1 (ig. 152, n° 5), 3 (ig. 152, n° 7) et 4. Dans le cas du n° 1, il est réceptionné sur la boucle par une dépression au niveau de sa pointe et il prend place dans un amincissement de la traverse médiane. Aucune trace ne permet d’envisager que ces particularités soient le résultat d’un limage. Les objets n° 3 (ig, 152, n° 7) et 4 présentent encore une chape quadrangulaire simple à fente pour l’ardillon. Elle est entière pour le premier, fragmentaire pour le second. Ces chapes, leur ardillon et le cadre de l’artefact n° 4 ont subi une intense oxydation (en gris sur le dessin). La boucle du n° 3 est cependant exempte de toute attaque, le matériau utilisé a donc mieux résisté au regard de celui employé pour la chape et de l’ardillon. La morphologie de ces quatre boucles est caractéristique des XVIe et XVIIe siècles, mais on ne peut à l’aune des connaissances actuelles rejeter l’hypothèse d’une présence dans la in du XVe siècle. Abîmé par l’oxydation, l’artefact semi-ovale n° 6 (ig. 152, n° 1) est le résultat d’une fonte. Il conserve sur sa traverse distale élargie les traces d’un décor végétal et un fond de cercles poinçonnés, disposés de part et d’autre d’une dépression rectiligne destinée à la réception de la pointe de l’ardillon. La moitié interne du revers de la traverse distale est biseautée. Des traces d’oxyde de fer sont visibles au centre de la traverse proximale. Elles sont peut-être à relier aux fragments d’un ardillon en fer retrouvés dans la pochette de conservation. La boucle semi-ovale n° 6 appartient à un groupe, datable du seul XIVe siècle, fréquemment répertorié dans le Midi-Pyrénées jusqu’à la Provence. De section circulaire, la bouclette circulaire n° 5 (ig. 152, n° 4), obtenue par moulage, appartient à un type couramment attesté dans toute l’Europe de l’Ouest du XIIIe au XVIe siècle. Elle est ordinairement proposée pour une utilisation dans la fermeture des chaussures – et quelques découvertes archéologiques le prouvent – mais on peut aussi envisager 88. Doctorant au LA3M (UMR 7298, Université de Provence/ CNRS). LA FOUILLE DE LA PLACE FORMIGÉ 271 Fig. 152 – Boucles provenant du cimetière de la place Formigé (dessin O. Thuaudet). son emploi sur l’habit pour l’attache de petits fragments d’étoffe ou de petits objets décoratifs. Les objets n° 7 (ig. 152, n° 3) et 8 (ig. 152, n° 2) sont pour le moins atypiques. Le premier est en effet confectionné à partir d’un il en alliage cuivreux courbé dont les extrémités martelées ont été rabattues pour former la traverse proximale. Aucune trace de brasure n’est visible à la jointure des deux bouts. Cet unicum conserve un ardillon plat. Aucun élément ne permet de lui octroyer une datation typo-chronologique. Le n° 8 est une chape à laquelle se trouvent encore ixés quelques éléments d’une boucle composite. Ce type de production est de mieux en mieux connu. L’exemplaire du corpus présente cependant la particularité de disposer d’une chape qui est semble-t-il issue de fonte, ce qui est pour le moins exceptionnel, et demande à être conirmé lors de la restauration. Les boucles composites sont fabriquées par l’assemblage de deux à cinq pièces (tôles et tiges) en alliage cuivreux et/ou fer. Elles sont pour l’instant attestées pour les XIVe et XVe siècles. Du cadre de la boucle, la pièce n° 8 conserve la traverse proximale dont les extrémités traversent deux fragments de tôle – ultimes restes de la traverse distale – au revers desquels elles ont été matées. Deux cupules – une seule est entière – ont été brasées sur ces extrémités. L’ardillon de l’artefact forme une tige, 272 LE GROUPE ÉPISCOPAL DE FRÉJUS puis au niveau du nœud, il s’élargit et s’épaissit fortement. Il devient alors bombé sur le dessus. La chape, très épaisse, est divisible en deux. La partie distale est échancrée pour l’ardillon et ouverte transversalement pour le passage de la traverse proximale. Quatre dépressions rectilignes issues de fonte ornent l’avers. Un pan incliné fait la jonction avec la partie « proximale » de la chape. La bordure de cette zone est arrondie sur l’avers. Un rivet maté issu de fonte est disposé au revers, il assurait l’attache, vraisemblablement sur une courroie de tissu ou de cuir. Cet élément de ixation est assez surprenant de par ses dimensions assez importantes et son isolement. Les chapes de ceinture, hormis quelques rares spécimens de petite taille destinés à la ixation des éperons, comportent toujours au moins deux perforations pour le passage de rivets. Cet objet assurait donc très probablement une fonction particulière qu’il reste à identiier. La chape n° 42 n’a pu être retrouvée. Une photo dans le mémoire de maîtrise de Thierry Jullien sur la céramique des fouilles de la place Formigé89 montre toutefois que son décor s’apparente à celui de chapes de Rougiers datées du XIVe siècle90. Son extrémité distale comporte des retraits pour permettre sa rotation autour du cadre et se caractérise par l’absence de fente ou de perforation pour l’ardillon, signe que cet objet s’adaptait soit à une boucle à double fenêtre, soit à une boucle à agrafe. Cet artefact peut être typologiquement daté du XIVe siècle et appartient à une production de chapes originaire du Sud-Est de la France, vraisemblablement de Provence, si on en juge par la répartition des exemplaires connus. La partie bijouterie est illustrée par de nombreuses perles et deux anneaux au jonc bombé à l’avers. Au revers, l’un est légèrement bombé (n° 9), l’autre est plate (n° 10). L’objet n° 9 (ig. 153, n° 10), en argent, a pu être obtenu par la fonte, mais l’artefact n° 10, fragmenté et incomplet, conserve la trace d’une fabrication par martelage. Une portion élargie du jonc laisse apparaître la trace d’une issure, signe que l’artisan a cherché à réunir les deux extrémités en employant le marteau pour les « souder ». Le corpus de perles est en grande majorité constitué de spécimens en verre ovoïdes, parfois légèrement annulaires (ex : n° 39, ig. 153, n° 5), allongés pour quelques-uns (n° 34, ig. 153, n° 6, n° 40, ig. 153, n° 4). La plupart du temps, leur couleur ne s’est pas conservée. Quelques perles sont en verre noir (n° 16 à 18), deux autres, biconiques, sont en verre bleu foncé (n° 12, n° 11, ig. 153, n° 1), une dernière, allongée et de section quadrangulaire en verre bleu outremer (n° 41, ig. 153, n° 2). Il est parfaitement visible grâce aux 89. T. Jullien, La céramique à Fréjus (Var) de l’Antiquité tardive aux temps modernes d’après les fouilles de la place Formigé (1988), mémoire de maîtrise d’archéologie médiévale, Université d’Aix-Marseille I, 1988, p. 53, ig. 82, n° 3. 90. G. Démians d’Archimbaud, Les fouilles de Rougiers (Var). Contribution à l’archéologie de l’habitat rural médiéval en pays méditerranéen, Valbonne, CNRS, 1980, ig. 469, n° 7 et 9. inclusions qu’il a été procédé à un étirement de la matière pour réaliser les extrémités afinées des artefacts n° 11 et 12. Le spécimen n° 18 (ig. 153, n° 8) est orné latéralement de deux rangées décalées de globules. L’objet n° 35 (ig. 153, n° 7) se caractérise par quatre excroissances latérales, la perle n° 36 par un bourrelet en relief autour d’une des perforations. Un deuxième bourrelet, à l’extrémité opposé, aurait permis un rapprochement avec des exemplaires en os retrouvés dans les fouilles de Notre-Dame-du-Bourg à Digne dans des contextes modernes91. Deux perles en os ont été inventoriées : l’une (n° 19) est dans un état médiocre, crevassée, rongée par les produits de décomposition, l’autre (n° 37, ig. 153, n° 3) est sphérique et teintée en vert par endroit. Des perles de même couleur ont été retrouvées dans des niveaux de remblai moderne lors des fouilles de l’église Saint-Blaise d’Arles92. Il est très probable que cette coloration soit le résultat d’une oxydation due à la proximité de matériaux cuivreux et non le fait d’une opération volontaire. Trois perles en jais à vingt facettes (n° 14 et 15 ; n° 13, ig. 153, 2, n° 9) taillées de manière identique ont été retrouvées dans une même structure. Les perles facettées se rencontrent de temps à autre dans des contextes funéraires du bas Moyen Âge et d’époque moderne. Les contextes ainsi qu’une datation stratigraphique précise de ces objets n’ont pu être fournis pour le mobilier référencé au moment de la rédaction de cette étude. On sait seulement qu’ils sont antérieurs à l’enlèvement des sépultures opéré au XVIIIe siècle. La datation typologique concorde avec ces données, à l’exception de la plupart des perles qui ne sont pas marquées par une évolution morphologique depuis l’Antiquité. Les éléments les plus anciens clairement datés sont du XIVe siècle, avec notamment la boucle n° 6 (ig. 152, n° 1) et la chape n° 42. Les plus récents sont du début de l’époque moderne avec les boucles n° 1 à 4. La nature du mobilier du corpus est en accord avec ce que l’on peut s’attendre à trouver dans des contextes funéraires. Boucles, bagues et perles forment le lot commun. Il est à noter qu’un groupe assez important et homogène de perles a été retrouvé dans la couche 408 (n° 20 à 41) et un lot plus petit et plus diversiié dans la sépulture 35 (n° 13 à 19). Cet ensemble d’artefacts participe donc à l’enrichissement du corpus des accessoires du costume en Provence, recensant maintenant plusieurs milliers d’individus. Ce corpus devrait prochainement donné lieu à une typologie93. 91. Étude en cours. 92. Étude en cours. 93. L’auteur mène actuellement une thèse sur les accessoires du costume en Provence du XIe au XVIe siècle à l’Université de Provence. Elle devrait donner lieu à une soutenance en 2013. 273 LA FOUILLE DE LA PLACE FORMIGÉ 1 2 3 4 5 7 8 9 6 10 0 Fig. 153 – Bijouterie provenant du cimetière de la place Formigé (dessin O. Thuaudet). 5 cm 274 LE GROUPE ÉPISCOPAL DE FRÉJUS annexe : cataLogUe dU mobiLier etUdie N° cat. 1 Contexte H sud, C. 222 Etat de cons. Bon Intégrité Entier 2 3 H sud, C. 222 L, sépulture L1 Bon Moyen Entier Entier 4 Contexte inconnu Mauvais Entier 5 6 Contexte inconnu Sépulture 10 Moyen Moyen Entier Fragmenté 7 Sépulture 8 Bon Entier 8 Bon Fragment 9 AA sud réseau, C.420 Tombe 15 Bon Entier 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 Contexte inconnu H sud, C. 222 H sud, C. 222 C, Sépulture 35 C, Sépulture 35 C, Sépulture 35 C, Sépulture 35 C, Sépulture 35 C, Sépulture 35 C, Sépulture 35 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 CC, C. 408 A, C. 624 Bon Bon Bon Bon Bon Moyen Mauvais Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Bon Bon Bon Bon Bon Bon Fragment Entier Entier Entier Entier Presque entier Fragment Fragment Entier Fragment Entier Entier Entier Entier Entier Entier Entier Entier Entier Presque entier Presque entier Presque entier Fragment Fragment Fragment Fragment Fragment Entier Entier Entier Entier Fragment Fragment Dimensions L x l x e max = 3,8 x 3,1 x 0,26 cm ; Ardillon : L x l x e max = 2 x 0,35 x 0,13 cm L x l x e max = 3,4 x 2,9 x 0,25 cm L x l x e max = 3,5 x 2,9 x 0,24 cm ; Chape : L x l = 2,8 x 2 cm ; Ardillon : L = env. 2 cm L x l x e max = 3,5 x 3,1 x 0,28 cm ; Chape : l = 1,8 cm ; Ardillon : L x l = 2 x 0,3 cm d x l x e = 1 x 0,12 x 0,1 cm L x l x e max = 4,8 x 7,2 x 0,34 cm ; Ardillon : l x e max = 0,7 x 0,32 cm ; e traverse distale conservée = 0,24 cm L x l x e max = 1,7 x 2 x 0,23 cm ; d il = 0,18/0,19 cm ; Ardillon : L x l x e max = 1,7 x 0,26 x 0,12 cm Chape : L x l x e = 4,4 x 1,85 x 0,16/0,17 cm ; Ardillon : L x l x e max = 1,1 x 0,45 x 0,24 cm d externe x d interne x l x e = 1,9/2,05 x 1,8/1,9 x 0,18/0,22 x 0,07/0,11 cm d reconstitué x l x e = 2,1 (?) x 0,41/0,57 x 0,07/0,09 cm L x d = 1,1 x 0,41 cm L x d = 1,05 x 0,43 cm h x d = 1 x 1,1 cm ; d perforation = 0,27 cm h x d = 1,05 x 1,1 cm ; d perforation = 0,23 et 0,25 cm h x d = 1,1 x 1,15 cm ; d perforation = 0,25 et 0,26 cm h mini x d mini = 1,3 x 1,2 cm ; d perforation = 0,37/0,44 cm h x d = 1,1 x 1,15 cm ; d perforation = 0,27 et 0,3 cm h mini x d mini = 1,2 x 1,3 cm h x d = 1 x 1,2 cm h x d = 1,15 x 1,3 cm h x d = 0,95 x 1,1 cm h x d = 0,8 x 1,2 cm h x d = 1,05 x 1,25 cm h x d = 1,1 x 1,15 cm h x d = 1,05 x 1,15 cm h x d = 1,1 x 1,2 cm h x d = 1,05 x 1,15 cm h x d = 1 x 1,3 cm h x d = 1 x 1,3 cm h x d = 1,05 x 1,3 cm h x d = 1 x 1,1 cm h x d = 1 x 1,2 cm h x d = 1,4 x 1 cm h x d = 1 x 1,3 cm h x d = 1,2 x 1,2 cm h x d = 0,58 x 0,62 cm ; d perforation = 0,28 cm h x d = 1 x 1,2 cm ; d perforation = 0,22 et 0,29 cm h x d = 1 x 1,2 cm ; d perforation = 0,28 cm h x d = 0,85 x 0,8 cm ; d perforation = 0,27 et 0,3 cm l = 0,57/0,58 cm L x l = 6,3 x 1,3 cm Masse (en gr.) 6,45 5,46 17,19 5,16 0,22 22,88 1,65 9,29 0,77 1,1 0,17 0,15 0,66 0,78 0,89 1,91 0,1 0,99 2,44 1,91 2,01 1,62 1,66 1,66 1,81 1,58 1,76 1,52 1,67 1,86 1,83 1,35 1,29 1,55 1,13 1,91 0,2 1,73 1,76 0,37 0,27